Discours de Laurent Wauquiez à Divonne-Les-Bains


On a eu des bons discours. Et vous savez pourquoi c’étaient des bons discours ? Parce que c’étaient des discours de gens qui n’avaient pas perdu espoir. Parce que c’étaient les discours de gens qui ont envie. Parce que tous ceux qui se sont exprimés ici n’ont à aucun moment, même au cœur de l’adversité, renoncé à leurs convictions et à leurs valeurs.
 
Mesurez-vous le chemin que l’on a parcouru ? Il y a un an, quand on osait émettre l’ombre d’un doute sur l’extraordinaire réussite que promettait au pays et à tous les français Emmanuel Macron, on subissait immédiatement les pires opprobres. Il y un an, je vous avais demandé de faire preuve de constance. Je vous avais demandé de vous faire confiance. Je vous avais dit « méfiez-vous des illusions faciles et des lendemains qui déchantent ».
 
Les parlementaires qui sont ici devant vous, ont porté notre voix avec solidité à l’Assemblée Nationale. Ils n’ont pas ployé, ils ne se sont pas excusés de leurs valeurs. Regardez en moins d’un an le chemin que nous avons parcouru. Il y a un an, Emmanuel Macron était l’idole absolue, on nous expliquait qu’il était au moins là pour deux mandats si ce n’est plus : personne n’osait le critiquer, nous étions le seul fortin qui tenait bon ; regardez en moins d’un an la façon dont les cartes ont changé.
 
Nous n’avons pas changé de discours ; moi je n’ai pas changé mon discours. J’ai observé parfois avec un brin de sourire ceux qui, y compris tout proches de nous, ont indexé leurs discours à la courbe des sondages et qui, il y a moins d’un an, plaidaient pour tendre la main à Emmanuel MACRON, et qui aujourd’hui s’emploient désespérément à monter le son.
 
Vous le savez, je n’aime pas les girouettes en politique. Ici, il n’y a que des élus qui ont gardé leur colonne vertébrale. C’est pour cela que je les salue.
 
Etienne, c’est lui qui montre qu’on peut faire des économies sur le gaspillage de l’argent public. Vous pouvez être fiers de lui : c’est un vice-président qui est irremplaçable à mes côtés, je suis très fier de pouvoir compter sur l’engagement d’Etienne Blanc à mes côtés, merci pour vos applaudissements très chaleureux.
 
Damien, j’aime le talent de Damien, j’aime sa fougue. Pourquoi l’Ain ? Mais c’est tellement évident : parce que dans l’Ain on a tout gagné. Parce que l’Ain a été une de nos plus belles victoires aux départementales ! Parce que dans l’Ain ils m’ont aidé à reconquérir notre région, et notre région nous l’avons gagné sans aucun petit accord du second tour : on l’a gagnée sur nos valeurs et sur nos idées, et c’est notamment dans l’Ain et en Haute-Savoie que nous avons fait nos meilleurs scores. Merci à tous les deux.
 
Parce que Damien, parce que Xavier, parce que nos élus départementaux et régionaux et parce que nos maires, parce qu’ici on est dans une terre où l’on n’a pas succombé à la tentation. Pourquoi donc ? Parce que je n’oublie pas aussi ceux qui étaient des parlementaires pleins d’espoir pour nous, et qui ont fait les frais des trahisons, à l’image de Stéphanie, qui continue à travailler à mes côtés à la Région.
 
Pourquoi l’Ain, Christian ? Parce que j’aime cette image, qui est tout ce à quoi je crois en politique. Vous avez devant vous les parlementaires de notre famille. Il y en a, parmi eux, des parlementaires qui sont des voix écoutés au niveau national, des gens dont la voix pèse. Je pourrais en citer, je n’en citerai que deux, deux Eric, pour m’éviter autre choix arbitraire : Eric CIOTTI et Eric WOERTH. Deux parlementaires, et ils sont encadrés et tout simplement au milieu de vous. C’est ce que j’aime dans cette soirée.
 
C’est ce que j’aime parce que vous le savez, j’aime que nous n’oubliions jamais d’où nous venons. J’aime que les militants incarnent l’image qui rappelle à chacun des élus qu’il n’y a pas de réussite qui ne construise pas d’abord sur l’écoute de ceux qui nous permettent de défendre ensuite nos valeurs. J’aime cela parce que je pense que c’est la seule façon et la meilleure façon qu’un élu ne perde jamais le sens de ses repères et de ses valeurs.
 
J’aime que l’on soit ainsi ensemble, les uns avec les autres. Et moi oui Christian, j’ai fait avec toi un choix, qui a été au lendemain de la défaite, pas de me consacrer à l’édification d’une petite chapelle dans un coin. Pas de bâtir une petite écurie personnelle. J’ai fait un choix : celui de me consacrer à rebâtir la famille. La famille collective, notre famille politique, les Républicains, qui sont notre bien à tous.
 
Ce choix est parfois dur, il attire parfois toutes les critiques, et comme Jacques Chirac le disait : « les grands choux ont tendance à prendre la pluie en premier. » Mais je n’ai jamais regretté au cours de l’année qui vient de s’écouler, parce que je suis fier, fier de rebâtir avec vous ce qu’est la voix des Républicains.
 
Il y a un an, nous étions menacés de mort, aujourd’hui les Républicains sont de nouveau audibles, demain ils seront attendus. C’est avec vous et avec les parlementaires que nous reconstruisons la famille. Merci de nous avoir accordé votre confiance.
 
Et le lien avec Christian est une entente essentielle pour moi. Nous sommes constamment en échange. Il n’y a pas une semaine sans que nous cordonnions ensemble, pour faire en sorte que le lien soit étroit entre les parlementaires et le parti, parce que seul l’étroitesse et la confiance de ce lien nous permet de rebâtir ensemble.
 
Christian est pour moi un point d’appui fondamental, et je suis fier, parce qu’il fait partie de ceux que mon grand-père, qui a fait la guerre, qualifiait ainsi : « Dans la vie, choisis pour cheminer à tes côtés uniquement ceux dont tu sais qu’une fois partis à l’assaut avec toi, tu n’as pas besoin de te retourner pour savoir s’ils sont là. »
 
Christian est de cette trempe : je ne sais pas si c’est un bon laboureur, je ne sais pas si c’est un bon éleveur, mais je suis convaincu d’une chose : c’est avec des gens comme ça qu’on reconstruit la droite. Merci Christian.
 
Emmanuel Macron tombe et je ne m’en réjouis pas. Il chute, non pas en raison des artifices de communication, non pas en raison de telle ou telle phrase, non pas en raison de ses postures trop souvent arrogantes, il chute parce qu’il n’a pas compris ce qu’attendait notre pays. Il chute parce qu’il n’a pas compris ce qui était derrière cet immense espoir qui s’était soulevé lors de son élection. Et il chute parce qu’il n’a pas traité les vrais problèmes que les Français voulaient voir traiter à l’occasion de ce big bang politique.
 
Ils lui ont fait confiance. Ils lui ont fait confiance comme rarement les Français ont fait confiance à un président de la République, en lui donnant du temps, plus de temps qu’ils n’ont jamais donné à un autre président de la République. Et au bout d’un an et demi, ils ne s’attendaient pas à ce que tout soit métamorphosé. Nous attendions juste que le pays chemine au moins dans la bonne direction.
 
Pourquoi le doute s’est-il installé ? Il s’est installé sur tous les sujets que nous, les Républicains, avons soulevés avec constance depuis un an. Tous les sujets sur lesquels, parfois dans l’adversité, nous avons eu le courage de poser des questions très tôt.
 
Damien, Guillaume, l’abandon des territoires. L’injustice, Eric, de la politique fiscale qui est menée. L’absence de lutte contre le gaspillage de l’argent public, chère Sylvie, toi qui est si attachée à ces questions. L’absence, Eric, de détermination sur les sujets régaliens, qu’il s’agisse de sécurité ou d’immigration.
 
Il a fait des choses ; il serait absurde de le contester. Mais il n’a rien fait pour ce qui est central pour le pays. Au fond, quand nous sommes ici, tous unis, quelle est la question qui nous rassemble ? Quelle est cette question qui nous taraude tous ?
Quelle France voulons-nous laisser à nos enfants ? Quelle République allons-nous transmettre à nos enfants ? Est-ce que nous pourrons nous retourner en nous disant « nous œuvrons pour laisser un avenir qui soit meilleur que le nôtre » ?
 
Le sentiment que bien des Français aujourd’hui partagent, c’est le sentiment d’être petit à petit dépossédés de leur choix. Et il y a deux questions essentielles, il n’y en a pas d’autre.
 
La première d’abord : est-ce que celui qui travaille reçoit dans notre pays, avec le système social qui est le nôtre, à la fin de la journée, la juste récompense de ses efforts ? Est-ce qu’il peut espérer que ses enfants connaîtront eux aussi une augmentation de leur niveau de vie ? C’est la première question.
 
Et la deuxième question, c’est celle du mode de vie : est-ce que nous allons devoir renoncer à ce qu’est notre mode de vie ? Est-ce que la France sera demain toujours la France ? Et j’assume ô combien cette devise que nous nous étions fixés avant l’été. Moi je suis là, parce que je veux que la France reste la France. Je suis là parce que je n’accepte pas, je n’accepterai pas que petit à petit, contrairement à toutes les traditions de l’intégration qui ont été les nôtres, ce soit celui qui vient de l’extérieur qui nous demande de nous adapter, au lieu que ce soit celui qui vient de l’extérieur qui s’adapte.
 
Eh bien regardons en face ces deux sujets. Il y a d’abord la terrible spirale de la dépense publique. Rien n’a été fait pour inverser le gaspillage de l’argent public. Nous avons assisté la semaine dernière à un véritable concours Lépine des taxes. Le gouvernement s’affole parce que les déficits se creusent, et il cherche comment compenser ce qu’il a été incapable d’économiser.
 
Redevance généralisée, Damien tu l’as dit, augmentations des droits de succession, abordés un jour pour être abandonnés l’autre jour. Hausse des taxes sur le carburant, elles confirmées, avec le pire acharnement et la pire opiniâtreté, Vincent. Et aujourd’hui encore, de nouvelles taxes annoncées, notamment sur les assurances.
 
Nous avons mis en garde l’année dernière contre l’augmentation de la CSG. Nous avons mis en garde contre l’ampleur du fardeau qui pèserait sur les retraités. Cette semaine, le Premier ministre, comme si c’était une performance extraordinaire, annonce une exonération de la hausse de la CSG pour 2% des retraités.
 
Mais comment comptent-ils à ce point-là duper les Français ? Dans le même temps, je n’oublie pas ce qu’ils ont dit à la rentrée : que pour la première fois depuis quarante ans, les retraites ne seront plus revalorisées au niveau de l’inflation. Autrement dit, on va appauvrir toujours un peu plus, chaque année, les retraités de notre pays.
 
C’est trop. Et surtout, c’est trop pour ceux qui gardent en tête ce qu’étaient les mots d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Parce que moi je n’oublie pas la façon dont il avait assené, avec l’arrogance que nous lui connaissons maintenant, ces vérités face à notre candidat. Et quand il lui avait dit, avec le ton de la plus grande des sincérités, et de l’engagement qu’on ne briserait jamais : moi, président de la République, je ne ferai « pas d’économies sur le dos des retraités », si je suis élu, je « préserverai le niveau de vie », je ne demanderai pas d’effort aux retraités, ou alors seulement aux retraités « les plus aisés ».
 
Emmanuel Macron a rompu toutes ses promesses. Il a abusé les Français durant la campagne présidentielle. Aujourd’hui, les retraités sont présentés comme de grands privilégiés et l’on fait peser sur eux tout le fardeau de la dépense publique qui continue d’augmenter. Il se trompe en opposant ceux qui travaillent et ceux qui sont à la retraite, parce que si vous voulez revaloriser le travail, vous ne le faites pas en pénalisant ceux qui ont travaillé tout leur vie.
 
Et où sont les absents ? Où sont les grands oubliés de ces discours ? Nous avons eu à la sortie de l’été un plan pauvreté, sur lequel d’ailleurs il y aurait beaucoup à dire, parce que moi je garde conviction simple : que la meilleure lutte contre la pauvreté, c’est de ramener les gens vers le travail. Il manque le point principal dans ce plan pauvreté : c’est d’aider les gens à retrouver un emploi. C’est la meilleure manière de lutter contre la pauvreté et elle n’est pas présente dans ce plan.
 
Au début du quinquennat, bien des gestes ont été faits pour ceux qui ont financé la campagne d’Emmanuel Macron. Mais au milieu, les milieux de cordée - ceux qui pour moi constituent le ressort, le noyau dur du pays, ce qui le fait tenir - eux sont systématiquement les oubliés des grands discours d’Emmanuel Macron.
 
On nous a parlé des premiers de cordée, on essaie maintenant de nous dire qu’on va s’occuper des derniers de cordée. Mais ils n’ont rien compris à ce qu’était la réalité du pays. Parce qu’aujourd’hui ceux qui souffrent en France, c’est ceux qui sont au milieu. C’est ceux qui paient tout. C’est ceux qui respectent les règles de la France. C’est ceux qui respectent les règles de la République. C’est ceux qui se lèvent le matin, ceux qui vont travailler, ceux qui sont amenés à organiser la garde de leurs enfants. C’est ceux qui ont travaillé toute leur vie.
 
C’est ceux qui demandent juste un minimum d’attention de la part de la République, et qui reçoivent aujourd’hui en retour de la part d’Emmanuel Macron l’augmentation des taxes, la remise en cause de l’assurance-vie, la baisse des APL, l’insécurité sur le livret A, la remise en cause de la politique familiale, l’augmentation des taxes sur l’essence et le gasoil : voilà la seule récompense pour les milieux de cordée. Les Républicains doivent être le parti qui défend les milieux de cordée, parce que c’est le cœur de la France.
 
Et les objectifs de réduction du gaspillage de l’argent public sont ridicules. Eric l’a montré. En deux ans, ils n’auront même pas supprimé autant de postes dans la fonction publique d’Etat que Nicolas Sarkozy l’avait fait en moins de 6 mois. La réalité, c’est qu’il n’y a aucune lutte contre le gaspillage de l’argent public.
 
La réalité, c’est que la dette explose. La réalité, c’est que depuis son élection, la dette que nous assumons tous collectivement, a augmenté de 40 milliards d’euros. Ce soir, vous vous endormirez et demain vous vous réveillerez : entre temps, la France aura accumulé 100 millions d’euros de dette supplémentaires. 100 millions d’euros de dette supplémentaires, chaque soir, chaque jour qui s’écoule, depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
 
Pourquoi ? Est-ce qu’il est donc si difficile de faire des économies dans ce pays ? Oui, mais c’est possible. C’est pour cela que j’ai demandé à Eric et Guillaume, de travailler sur un plan que nous allons présenter au moment du budget, dans lequel nous ferons des propositions claires, dans lequel nous assumerons nos responsabilités, pour présenter un plan d’économies supplémentaires que nous sommes prêts à faire, sur lequel nous serions prêts à travailler avec la majorité, à condition que la moitié des économies finance l’annulation d’augmentations d’impôts. Parce que je n’accepte plus qu’en France, qu’on augmente ou qu’on baisse la dépense publique, dans tous les cas, à l’arrivée, les impôts augmentent. Notre parti doit refaire ce lien entre la lutte contre le gaspillage de l’argent public et le fait de rendre l’argent économisé aux Français qui n’en peuvent plus des taxes et des charges.
 
C’est ce que nous faisons dans notre région. Nous sommes la seule région fusionnée de France à avoir dégagé des économies, et en moins de deux ans, nous avons baissé de 12% les dépenses de fonctionnement de la Région : c’est la meilleure performance de France, et cela nous a permis de ne pas augmenter d’un centime la fiscalité régionale. Je peux regarder dans les yeux  chacun d’entre vous qui m’avez fait confiance il y a deux ans : la région Auvergne-Rhône-Alpes est aujourd’hui la région la mieux gérée de France. C’est possible de faire des économies sur la dépense publique.
 
Et Damien m’a dit « c’est la condition essentielle pour refaire tenir la France ensemble ». Pourquoi ce président amène la République dans le mur ? C’est parce qu’il oppose tout le monde. Il oppose les retraités et les actifs. Il oppose les « start-uppers » et les ouvriers de nos usines. Il oppose ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas. Il oppose les pays européens. Il fracture. Il oppose ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien.
 
Vous ne construisez pas la France de demain quand vous fracturez. Vous ne construisez pas la France de demain quand vous n’avez pas compris cette leçon intime que nous avait léguée Jacques Chirac : il faut réconcilier. La France a besoin de réconciliation. Elle n’a pas besoin de l’opposition entre les métropoles et les territoires ruraux. Elle n’a pas besoin de l’opposition entre le nouveau monde et l’ancien monde. Elle a besoin de se rassembler autour d’une vision commune de notre pays.
 
Pourquoi est-ce que Christian a souhaité que soit ainsi porté ce thème de la France des territoires ? Parce qu’il ne peut pas y avoir d’un côté ceux qui sont promis à la réussite de la mondialisation, et ceux qui sont abandonnés à un silence assourdissant. Il ne peut y avoir d’un côté les ouvertures de classes dans des quartiers dits « en difficulté » et de l’autre côté les fermetures de classe en zone rurale.
 
Il faut faire les deux. Il faut faire tenir tous les bouts de la France ensemble. Vous ne pouvez pas avoir d’un côté les milliards d’euros qui sont mis sur quelques grandes infrastructures dans les métropoles, et de l’autre la limitation à 80km/h et l’augmentation des taxes sur les carburants : vous ne construirez pas la France ainsi.
 
Nous l’avons dénoncé. Et j’ai été très frappé par les propos étonnants du Premier ministre ce matin, disant qu’il se félicitait d’avoir augmenté la taxe sur l’essence et le carburant, parce cela pénalisait ainsi la pollution. Mais faut-il qu’il soit à ce point coupé des réalités de notre pays ? Mais croit-il que quand vous êtes dans la Drôme, même quand vous êtes dans ce pays florissant et dynamique qu’est le pays de Gex, croit-il que l’on a le choix ? Croit-il que vous avez le métro à votre porte ? Croit-il que les Français choisissent de prendre leur voiture tous les matins ? Il y a toute une France, 7 Français sur 10, qui vont travailler avec leur voiture, qui laissent toute une partie de leur salaire et de leur pouvoir d’achat dans l’essence et dans l’entretien de leur voiture. Il y a toute une partie des Français qui se chauffe au fioul parce qu’il y a toute une partie de notre territoire dans laquelle le chauffage à l’électricité n’est pas encore une solution qui est rentable, et qui le sera encore moins avec les décisions qui sont prises.
 
Cette France, je n’accepte pas qu’on la culpabilise, en disant que ce sont des pollueurs, et qu’il est normal qu’ils paient plus de taxes. Cette France-là ne demande qu’à être respectée. C’est une France qui travaille, c’est une France qui fait parfois de longs trajets pour se rendre à son lieu de travail, et c’est une France qui a autre chose à attendre de la part du Premier ministre que de se voir explique que « c’est normal que nous vous augmentions les taxes sur l’essence parce que vous polluez ». Non, ils ne polluent pas : ils travaillent, Monsieur le Premier ministre !
 
Et, mes amis, nous ne laisserons pas l’écologie de côté. Nous ne laisserons pas l’écologie dans cette ornière terrible, dans laquelle l’a enfermée la désillusion que porte Emmanuel Macron. Je refuse que l’écologie soit ainsi prise en étau, entre d’un côté l’idéologie d’une poignée de Verts, qui la pratiquent comme une nouvelle idéologie totalitaire, au lieu de chercher des solutions efficaces. Et de l’autre côté, le silence assourdissant de ce gouvernement qui n’a rien fait.
 
Nous avons tous vu ce qui s’est passé cet été. Tout le monde a été marqué par cette canicule, qui a sonné comme un triste rappel des enjeux écologiques face auxquels nous sommes. Notre famille politique doit porter un discours clair. Parce que l’écologie, c’est l’enracinement. Parce que l’écologie, c’est la défense des terroirs et des territoires. Parce que l’écologie, c’est l’attachement aux paysages. Parce que ce sont ces valeurs dont parlait Simone Weil, cette philosophe à laquelle je suis tant attaché, qui disait que précisément, l’avenir de la France repose sur sa capacité à transmettre nos racines.
 
L’écologie, c’est une valeur de droite. L’écologie, c’est la valeur de la transmission. Je veux que nous prenions à bras le corps cette écologie de l’enracinement. Je veux que nous portions à bras le corps une écologie positive, qui ne fonctionnera pas à coups de normes, de lois et d’interdictions, mais qui fonctionnera par des projets, et qui aura la lucidité de sortir des postures qui aujourd’hui affaiblissent l’écologie.
 
Défendons une écologie qui marche, une écologie qui transmette, une écologie qui se repose sur une approche scientifique, une écologie qui croit dans le progrès : c’est cette écologie que nous pratiquons dans notre région, Virginie, et tu viens d’un territoire, la Haute-Savoie, dans lequel on croit à la fois dans la droite et dans l’écologie. Cela fait partie de ce que j’aime, merci à toi.
 
L’enracinement. Est-ce donc devenu un gros mot, que de défendre nos racines ? Depuis combien de temps attendons-nous que le président de la République agisse enfin, alors que jour après jour, nous assistons au détricotage du contrat républicain ? L’intégrisme islamiste progresse, Alexandre, chaque jour un peu plus. Que faisons-nous pour réagir ?
 
Quand un de mes amis, ancien collègue de l’Ecole normale supérieure, professeur d’histoire aujourd’hui dans un quartier de Grenoble, m’explique qu’il a renoncé à organiser des voyages de classe à Reims, parce que certaines familles lui expliquaient que ce n’était pas compatible avec leur religion, et que le rectorat ne l’a pas défendu…
 
Quand j’échange à Saint-Etienne, avec les professeurs des services d’urgence, qui me disent qu’ils sont parfois obligés d’organiser la présence d’un médecin homme ou d’un médecin femme, parce que certains maris contestaient la possibilité à médecin homme de venir, pour sauver parfois leur femme ou juste pratiquer un examen médical…
 
Quand je sillonne, Bernard, certaines de nos villes de France, et que je vois au moment de la tombée du jour, quand les terrasses des cafés se remplissent, qu’il n’y a plus une seule femme aux terrasses des cafés, parce qu’elles en ont été progressivement exclues et bannies, et qu’une forme de machisme venu d’ailleurs s’est imposé et qu’il est dicté par un intégrisme religieux, je me dis que je ne veux pas de cela pour l’avenir de mon pays.
 
Je me dis que je refuse de me soumettre. Je me dis que je refuse de me dire que c’est ça l’avenir de la France et qu’il faut se taire parce que l’on cherche à faire quelque compromis politique à coups de communautarisme. Cela fait un an et demi que rien n’a été fait pour arrêter le détricotage de la laïcité française par l’intégrisme islamiste. La parole des Républicains, elle, ne succombera jamais face à ces petits accords politiciens. Nous défendons la laïcité et les valeurs de la République française.
 
Et que nous dit le président de la République ? Il nous dit que l’« on ne peut pas parler de crise migratoire ». Un député de sa majorité a même rajouté : « mais dans les chiffres, il n’y a pas de problème d’immigration en France aujourd’hui. » Mais dans quel monde vivent-ils ? Ont-ils bien compris que d’ici 30 ans la population de l’Afrique va doubler ? Ont-ils bien vu que depuis le début de l’année, nous connaissons une augmentation des demandes d’asile de 17% alors que notre pays vient de connaître le record absolu de demandes d’asile ? Ont-ils bien vu que dans 90% des cas, quand la demande d’asile est rejetée, les immigrés illégaux ne sont pas reconduits dans leur pays, ce qui constitue un abandon total de l’autorité de la République ?
 
Je ne sous-estime pas la complexité de ce débat. Je mesure ce que cela représente justement parce que je refuse qu’on le réduise à un affrontement entre d’un côté les méchants populistes, et de l’autre côté les Bentham.
 
Je comprends même le raisonnement, de ceux qui disent que d’un point de vue humanitaire, on doit accueillir et que l’on ne peut pas rester insensible à la détresse. Et je comprends, ce qu’est aussi la sensibilité exprimée par certains acteurs face à des parcours individuels. Mais notre rôle à nous, c’est aussi de situer le débat à un autre niveau qui n’est pas juste une juxtaposition d’itinéraires individuels, aussi poignants soient-ils.
 
Ce niveau-là, c’est la question de la capacité de notre pays à assurer l’intégration. A assurer sur la durée, l’arrivée ainsi année après année de migrants que nous avons de plus en plus de mal à intégrer. Et Mayotte, à l’image de bien d’autres territoires de la République, est le reflet des ravages de cette immigration que nous n’arrivons plus à réguler.
 
Et je le dis parce que c’est ma conviction : il n’y a pas de droit de l’Homme à immigrer dans le pays de son choix. Il n’est pas normal que ce soient les passeurs et les mafias qui décident qui s’installe sur le sol européen. Il n’est pas normal que ce soient les juges qui tranchent, à la place des habitants de ce pays et à la place des élus de ce pays. Ce sont aux Français de décider.
 
Et il est temps de sortir des hypocrisies. Le président de la République ne prend pas l’Aquarius dans les ports français, mais il prend les migrants de l’Aquarius dans nos villes. Toute l’hypocrisie de sa politique est ainsi résumée.
 
La question qu’il pose aujourd’hui à l’Europe est : « comment répartir les migrants entre les différents pays européens ? » La question que, nous, nous posons, est : « comment l’Europe peut-elle mieux défendre ses frontières, pour que nous sortions de cette immigration de masse ? »
 
Parce qu’aujourd’hui le droit d’asile a été détourné. Parce qu’aujourd’hui, dans nombre de cas, ceux qui viennent n’ont pas été poussés par les drames de Syrie. Ils viennent par une détresse économique que l’on ne peut que comprendre, mais l’Europe ne peut pas accueillir tous les migrants d’Afrique. Ils viennent en détourant petit à petit les règles qui sont les nôtres.
 
Et ceux qui arrivent aujourd’hui, ce ne sont plus en majorité des réfugiés poussés par les guerres, ce sont des migrants économiques qui viennent chercher autre chose. Quelque chose que l’Europe ne peut plus leur offrir parce que nous sommes au bout de nos capacités d’intégration.
 
Il faut que les demandes d’entrée en Europe soient faites de l’autre côté de la Méditerranée. Il faut que l’on oppose un refus systématique à ceux qui seront rentrés en France, sans avoir respecté les règles pour rentrer dans notre pays. Il faut arrêter d’accepter ces bateaux, qui à l’image de l’Aquarius, sont devenus les complices de la traite des hommes par les passeurs. Et il faut enfin que l’Europe se dote d’une vraie politique de reconduite à la frontière.
 
Il est plus que temps de conditionner notre aide aux pays africains au retour des clandestins dans leur pays d’origine. Comment accepter que la France accorde 350 millions d’euros d’aide au Mali, et que le Mali n’ait accepté l’année dernière de reprendre que 13 sans-papiers venus de son pays ? Il est temps que nous réagissions et que l’Europe retrouve la maîtrise de ses frontières.
 
Alors, mes amis, nous avons une immense responsabilité collective. A mesure que les illusions du macronisme s’estompent, les Français vont chercher un autre chemin. Ils vont chercher une alternative. La seule alternative républicaine qui existera demain, c’est celle que nous devons construire.
 
Oui, Christian l’a dit, il est plus que temps de tous nous mettre au travail, comme nos députés l’ont fait, pour redonner espoir aux Français. Les Français attendent qu’il y ait face à Emmanuel Macron un autre chemin, et ils veulent autre chose de la droite que la poursuite des querelles internes.
 
Il est temps de mettre fin aux ambiguïtés. Il est temps de mettre fin aux caricatures et aux postures artificielles que certains nourrissent au sein même de notre famille politique. Léon Blum le disait, « on n’a jamais raison contre sa famille politique ». Cette énergie formidable que certains déploient dans l’immédiat pour attiser les divisons, je leur demande, au nom de tous les militants de notre famille politique, de l’employer à défendre les Français face à la politique d’Emmanuel Macron. Je demande à ce que l’on tourne enfin la page de ces divisions qui empoisonnent la droite.
 
Nous aurons ces prochains mois de beaux combats pour défendre les Français sur les sujets qui les importent. Des combats à mener pour défendre nos candidats aux européennes, aux municipales, aux régionales, et demain, aux législatives. Je ne veux pas laisser nos candidats être fragilisés par ceux qui ont comme seule obsession d’attiser les braises de la division, de se pousser du col dans les médias pour satisfaire leurs égos et leurs petites ambitions personnelles.
 
Nous avons une autre responsabilité, c’est à ce niveau que nous devons nous situer : il faut que nous redonnions un avenir à la droite et à la France. C’est l’exigence que nous devons nous imposer. Et je demande à chaque membre de notre famille politique de retrouver le sens des responsabilités.
 
Et que tous ceux qui sont des donneurs de leçon de la démocratie méditent cela. Emmanuel Macron et les extrêmes ont aujourd’hui un objectif commun : leur objectif, c’est de réduire tout le débat public à un affrontement stérile entre le marigot d’En Marche et le populisme. Emmanuel Macron a d’ores et déjà compris qu’il ne serait pas réélu par un vote positif parce qu’il a déjà beaucoup trop écœuré les Français. Eh bien il cherche à être réélu en forçant les Français à être face à une seule alternative : moi ou le chaos.
 
C’est pour cette raison qu’ils sont dans un tête-à-tête funeste, lui et Marine Le Pen. Je ne laisserai pas cela se faire. Je ne laisserai pas ce jeu machiavélique aller jusqu’au bout, parce qu’il emporterait avec lui la République française.
 
Nous avons une responsabilité immense. Notre responsabilité, c’est de porte un autre espoir, c’est cet espoir que nous devons porter dans le débat politique français, et c’est cet espoir que nous devons porter dans le débat politique européen. Avec exactement le même machiavélisme, Emmanuel Macron voudrait aujourd’hui réduire le débat européen à ce même affrontement funeste entre lui, autoproclamé progressiste, et soi-disant, les populistes.
 
Il n’y aurait donc que les populistes qui seraient à l’écoute ? Défendre l’Europe, demander que notre pays soit protégé contre une immigration de masse, ce serait la lèpre populiste ? Ecouter ce que disent les habitants de nos pays, ce serait la lèpre populiste ? Je demande à chacun de faire attention. Qu’est-ce qu’il reste de la politique quand on se méfie de nos compatriotes ? Qu’est-ce qu’il reste de la démocratie quand on méprise la volonté du peuple ?
 
Le nouveau monde d’Emmanuel Macron, c’est la vieille histoire de l’oligarchie. C’est celle des technocrates et des experts qui s’enferment dans leur tour d’ivoire et qui assènent leurs leçons arrogantes au reste du monde. Ils ont inventé le mot de « populisme » pour justifier leur censure et faire taire ceux qui ne pensent pas comme eux.
 
Eh bien, mes amis, je ne crois pas cela. Je crois profondément que le problème de la droite en Europe est de ne pas avoir une parole suffisamment claire, et d’avoir eu des actes trop faibles quand elle était aux responsabilités. Partout, dans tous les pays, se lève petit à petit une nouvelle génération, de nouveaux dirigeants qui appartiennent à notre génération, sui partagent tous la même volonté d’édifier une nouvelle droite qui soit déterminée à secouer cette gangue dans laquelle petit à petit on l’a condamnée à la pusillanimité, dans les paroles et dans les actes.
 
Nous attendons autre chose. Et Christian l’a dit : notre courage d’aujourd’hui face aux critiques, le fait que nous ne ployions pas aujourd’hui et que nous ne renoncions pas aux valeurs qui sont les nôtres, sera demain la meilleure garantie donnée aux Français qu’une fois aux responsabilités, nous irons jusqu’au bout.
 
Je crois, mes amis, dans cette phrase que j’aime tant de Michel Houellebecq : « il y a un avènement des futurs. » Lui qui a dénoncé dans Soumission cette posture de la France dans laquelle petit à petit on renonce à dire ce que l’on voit et l’on renonce à faire. Oui, je crois qu’il y a un avènement des futurs, je crois qu’il est possible d’aider l’entrepreneur et de défendre nos traditions. Je crois qu’il est possible à la fois de redonner de la liberté et de protéger notre identité. Je crois qu’il est possible d’assumer notre passé et de tourner notre pays vers l’avenir.
 
Défendre son identité, être attaché à la France, aimer sa culture, croire à la nécessité des frontières : c’est tout cela qu’Emmanuel Macron a qualifié de passion triste. Je crois tout le contraire. Je crois qu’il faut des racines bien plantées dans le sol. Je crois à la continuité de l’Histoire, je crois à la transmission. C’est même pour moi l’une des raisons essentielles de mon engagement politique. J’ai une vision pour la France, et je veux pouvoir transmettre à nos enfants les racines dont ils seront un jour les héritiers. Ce n’est pas une passion triste, c’est une fierté. Et c’est cette fierté qui fait que la France n’est jamais une page finie de l’Histoire. La nouvelle droite doit sonner le réveil de la France. Notre responsabilité est immense et nous répondrons présent.
 
Vive la République et vive la France !
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